Le 27 mars avec la section professionnelle François Truffaut pour “LES ENFANTS DU SIÈCLE PRENNENT LA PAROLE” … au théâtre du Rond-Point !
Voici la restitution de l’atelier théâtre. Cette trace est symbolique pour nous tous : le Cirque invisible est le dernier spectacle vu en commun, avec une quarantaine d’élèves volontaires, lors d’une soirée très festive chez notre partenaire, l’une de nos “maisons”, au Rond-Point.
Quelques images de notre venue au théâtre ont été filmées par Maurizio Montobbio, et puis, deux jours après, juste avant l’annonce du confinement, l’idée de tourner avec sa complicité nos témoignages pour en garder la trace et pour faire partie de la communauté des « Jeunes ont la parole » avec l’ANRAT…
Après LA GIOIA et LE CIRQUE INVISIBLE, notre contribution ne pouvait qu’être spontanée, collective, joyeuse, avec ce petit grain de folie dans un moment de partage. Une fête que nous avons hâte de reprendre, une fête du théâtre qui nous maintient en lien, tous les jours, à distance avec ces jeunes depuis maintenant trois semaines. Nous ne savions pas du tout au début où allait nous mener ce tournage, il s’est fait dans une urgence d’être ensemble et de partager nos traces du spectacle, avec les moyens du bord. Au fur et à mesure du montage, il nous semblait impossible et arbitraire de sélectionner les élèves qui seraient présents à l’image, aussi avons-nous improvisé la réalisation d’une mini série de dix épisodes où nous les retrouvons tous, avec leur fantaisie, leur imaginaire, et leur complicité.
LES ENFANTS DU SIÈCLE PRENNENT LA PAROLE … au Théâtre du Rond-Point !
TEASER : https://vimeo.com/410617303
La section professionnelle François Truffaut… au théâtre du Rond-Point !
Épisode 2 – Samra Meriam El Haj
Épisode 4 – Driss Meriam Tifina
Épisode 5 – Manta Inès Khoumba Fatou
Épisode 6 – Myriam et Special Guest
Épisode 7 – Ghanam Tidian Keyvan Sara Romane
Épisode 8 – Kenza Fadima Bintou Drissa Jeorgiana Ivana Baya Koudjedjie
Épisode 9 – Ilyas Christ Nadjara Naomie Rayane Muriel
Épisode 10 – Sherazed starring Dark V.
UN GRAND MERCI POUR CES MOMENTS PARTAGÉS !
Un grand merci :
- aux élèves de la section professionnelle du lycée François Truffaut ;
- à Thérèse de Paulis, leur enseignante ;
- à Maurizio Montobbio, leur intervenant ;
- au service des relations avec le public scolaire et universitaire du théâtre du Rond-Point (Joëlle Watteau et Alexe Cano).
Le 27 mars… avec des élèves du collège Charles de Gaulle et le Vélo Théâtre d’Apt
La classe C.H.A.T prend son sigle au pied de la lettre et joue avec le public !
C’est le 3 mars, pendant cette avant-dernière soirée de Greli Grelo. Le défi pour la classe C.H.A.T est d’accueillir le public” chaleureusement”, “être aux petits soins” comme annoncé dans le programme du théâtre… Les élèves sont un peu inquiets mais excités et curieux de cette 1ère expérience.
Ils vont donc, ce soir-là, à la rencontre du public, à l’entrée du spectacle On était une fois à la chapelle des Carmes puis de l’installation Travel-lllling au Vélo théâtre ; individuellement ou en petits groupes, avec une attitude et une attention félines à l’égard des spectateurs.
Ils les interpellent avec des “Chalut, cha va ? Vous challez bien ? “;” Ah, vous voilà, cha fait longtemps que l’on vous attendait !”;”Chapristi, vous ici ? Cha fait longtemps qu’on ch’est pas vu ! “; “Vous challez voir, chat va vous plaire le spectacle”; ou “Cha vous tente ?” en leur offrant une langue de chat pour patienter… “Chaperlipopette!”! Et de leur dire aussi, en une phrase adressée avec les yeux ou sussurée à l’oreille, leur amour du théâtre (phrases qu’ils ont écrites en amont à l’occasion d’un atelier d’écriture avec leur professeur et l’intervenante théâtre). Les spectateurs, d’abord surpris, sont amusés et jouent le jeu.
Le élèves réalisent que ce n’est si simple : il faut choisir son public (un ou de petits groupes de spectateurs qui semblent disponibles), aller à sa rencontre, attirer son attention, créer un espace et un moment de jeu de proximité, malgré l’agitation et les bruits alentours, trouver une fin… et aussi rester concentré pour et entre chaque moment, de manière à être de plus en plus précis, touchant et surprenant, ne pas répéter les mêmes rencontres mais les réinventer à chaque fois, en faisant d’autres tentatives!
Mais ils ressortent très contents de cette expérience avec l’envie de la renouveler et ravis aussi d’avoir assisté à l’installation-performance, Travel-lllling. Le prochain défi : à partir de cette matière de jeu (attitudes et phrases), inventer un scénario collectif pour aller dire leur amour du théâtre à quelques classes du collège, à l’occasion de la journée nationale du théâtre, le 27 mars, et faire la promo de la classe “C.H.A.T” par la même occasion ! Ils y ont travaillé mais ils n’ont pas pu sortir… Par le virus qui court, les C.H.A .T aussi restent confinés !
Je fais du théâtre pour arriver au grand jour même dans le noir. Je fais du théâtre pour la langue qui fouette, pour la création qui brise la vitre. Je fais du théâtre pour élargir la fenêtre de mon cœur, pour laisser passer les oiseaux dans ma tête.
Ces trois phrases sont celles de collégiens d’Apt, Antoine, Inès et Lovely.
Avec les autres élèves de la classe théâtre du collège Charles de Gaulle d’Apt, dans le Vaucluse, en partenariat avec le Vélo Théâtre, ils comptaient participer à l’opération « le 27 mars, les enfants du siècle prennent la parole » de deux manières, l’une ayant pu avoir lieu, l’autre non :
– à l’occasion de l’accueil du public de Greli Grelo – biennale internationale de théâtre d’objet organisée par le Vélo Théâtre, dans la soirée du 3 mars. Les postes occupés étant l’accueil et la billetterie, l’entrée en salle et le bar du théâtre. Les élèves ont déclaré, poétiquement et “félinement” aux spectateurs, avant l’entrée en salle de 2 propositions artistiques prévues ce soir-là, leur amour du théâtre. Ils se sont servis pour cela des textes qu’ils avaient écrits en ateliers, inspirés par KIDS de Fabrice Melquiot, DEBOUT de Nathalie Papin, LA FRICHE de Luisa Campanile, INSÉPARABLES de Fanny CARREL.
– par une intervention de ces mêmes élèves, en “mode irruptif” dans trois classes du collège, sur la journée du 27 mars. Ils devaient alors réutiliser les textes évoqués plus haut et les adresser aux autres élèves ; action qui n’a pu voir le jour, évidemment, en raison du coronavirus et du confinement qui a suivi.
Écoutons-les à nouveau pour finir :
Lily : Au théâtre, il y a la sagesse qui prend le vent et les histoires qui ont faim. Le théâtre, c’est apprendre à se connaître, apprendre à connaître les autres sans le savoir, c’est penser à rien sauf à trois graines de tournesol
Camilia : Le théâtre, c’est le jour où les arbres poussent… Je fais du théâtre car ça m’aide à sortir de ma tombe. Au théâtre, il y a beaucoup d’humour et de détente, c’est un moyen d’être heureux.
Loane : Le théâtre c’est une histoire de cœur. Je fais du théâtre car je suis comme chez moi. Au théâtre, il y a des endroits qui nous laissent rêver.
Evan : Au théâtre, il y a de l’imagination. Le théâtre, c’est pas facile.
Antoine : Au théâtre il y a de la joie et seulement deux garçons. Le théâtre, c’est une balle traçante car ça ne fait qu’évoluer.
Ellya : Je fais du théâtre pour jouer, pour prendre confiance en moi, pour me prendre pour une luciole. Au théâtre, il y a des endroits qui nous laissent tranquilles. Le théâtre, c’est un gros nuage rempli de joie et de bonheur.
Lali : Le théâtre, c’est un gros gâteau à la crème rempli de diverses identités. Le théâtre, c’est pour apprendre aux petits écervelés le sens de la vie. Je fais du théâtre pour rester toujours un enfant.
Lovely : Le théâtre, c’est quand il y a des oiseaux qui te chantent dans la tête. Au théâtre, il y a de l’amour et de la tristesse. Il y a toujours une vitre à briser : la création n’est pas finie.
Djessi : Au théâtre, il y a un gros gâteau plein de crème. Le théâtre, c’est faire rêver. Je fais du théâtre car j’aime la comédie.
Merci aux deux artistes Nina Richard et Giulia Ronchi, à leur professeur de français, Marie Laurent, ainsi qu’à l’équipe du Vélo Théâtre, et en particulier Nathalie Landrieu, sans qui nous n’aurions pu partager ces paroles des enfants du siècle avec vous.
Le 27 mars avec des élèves du collège Voltaire à Remoulins (Gard) : Témoignages filmés
Le 27 mars au théâtre de La Colline … avec des élèves d’option de Cherbourg qui témoignent par écrit
“Pour moi le théâtre c’est exprimer ses sentiments sous une autre identité”
“Pour moi le théâtre c’est incarner chaque personne de la société, chaque sentiment et les représenter le plus fidèlement possible aux spectateurs”
“Le théâtre c’est comme une autre dimension, où tout est possible. Où en tant qu’acteur on prend le contrôle pour parvenir à dire, jouer, chanter, danser le plus gros mensonge possible, tout en y croyant dur comme fer.”
“Faire du théâtre, c’est jouer, s’amuser, aller autre part, mais c’est aussi et avant tout s’exprimer corporellement et émotionnellement.” “Le théâtre, c’est la réalité confrontée à elle-même” “Pour moi, le théâtre, c’est un moment de partage et surtout de découvertes.” “Le théâtre est un art.”
“Le théâtre, ce n’est pas mettre un autre en soi, c’est mettre de soi dans un autre.”
“J’aime le théâtre car je me sens libre, je peux exprimer mes sentiments, mes coups de gueule… avec mon corps.”
“Pour moi le théâtre, c’est un moment où on peut s’exprimer, où l’on devient quelqu’un d’autre que nous même, un endroit où personne ne peut mal nous juger, un endroit où l’on peut être nous-mêmes et avoir du plaisir à jouer.”
“Pour moi, le théâtre, c’est du partage, de l’entraide, du plaisir et de l’amusement. On peut devenir ce qu’on veut, se laisser aller et découvrir de nouvelles sensations.”
“Pour moi, le théâtre c’est le partage. C’est oser, être sur scène, s’évader de la vie réelle pour être quelqu’un d’autre à n’importe quelle époque et offrir des émotions au public.”
“Pour moi, le théâtre c’est le moyen de ressentir et de s’exprimer autrement, de s’approprier un personnage, le rendre soi.”
“Pour moi, le théâtre c’est la bourde créer un projet commun avec des amis ; pour moi le théâtre, c’est procurer du plaisir au public.”
“J’aime le théâtre car il permet à la fois de se cacher et de se dévoiler, d’être nous et quelqu’un d’autre. “
Un grand merci à leur enseignante Claire Fournier
Le 27 mars…avec le Mouffetard
Carré-Colonnes – “les enfants du siècle” prennent la parole sur le WEB
En avant première des productions sonores du Conseil des Jeunes du Carré-Colonnes, voici l’extrait d’une mini fiction écrite de la main de Samantha T. Belle écoute et belle journée théâtrale confinée à tou.te.s !
https://www.facebook.com/lelabodescultures/videos/249196952915344/
Le 27 mars au Monfort…
Le Monfort a donné la parole aux jeunes participants/figurants du spectacle First Trip, mis en scène par Katia Ferreira.
Des étudiants du CRR de Toulouse témoignent… “le 27 mars les enfants du siècle” continue à distance…
“Le théâtre est pour moi la réconciliation entre moi, mon corps et ma voix, que j’ai souvent eu du mal à accepter et faire marcher main dans la main. Le travail corporel du théâtre m’apprend à avoir confiance en mon corps et à me l’approprier, ce qui n’est pas simple dans cette période adolescente. Le théâtre nous apprend à marcher en groupe, à travailler en lien avec les autres, tout en s’accordant notre place. Il nous permet de nous construire ensemble, AVEC les autres sans s’y mettre au-dessus ni en dessous.” Bertille Correnson, classe de 3ème, cycle 1 CRR de Toulouse
“Que m’apporte la pratique du théâtre ?
Je m’appelle Sofia Simonova, j’ai 16 ans et dans ce texte je voudrais partager mon avis sur que m’apporte le théâtre et sa pratique. Tout d’abord le théâtre m’a permis de faire beaucoup de découvertes. Durant mes 4 ans de pratique, j’ai pu découvrir de nombreuses choses, que ça soit une ville, des nouvelles connaissances ou des auteurs. Je pense que les découvertes au théâtre ne se termineront jamais, qu’il y aura toujours quelque chose pour susciter notre curiosité et nous encourager à découvrir de plus en plus.
L’un de mes défauts principaux est ma mauvaise mémoire. Le théâtre me permet de développer ma mémoire tout en apprenant des textes qui me plaisent. Depuis ma pratique de théâtre j’adore apprendre des répliques du personnage dont je m’imprègne. J’ai réussi à bien développer ma mémoire visuelle qui pour l’instant reste l’essentiel. Mais depuis cette année, de nombreux exercices me font travailler ma mémoire auditive et kinesthésique. J’ai peur de m’imaginer quelle serait ma mémoire actuellement, si je ne faisais pas du théâtre.
Le théâtre permet également d’accepter le regard des autres. Que ça soit notre famille, nos amis, des inconnus ou des professionnels – depuis toujours on a peur des regards des autres et de leur jugement. Pour affronter et vaincre l’importance qu’on porte aux avis des autres, je trouve que le théâtre est le meilleur ami. Qui pourra vous aider mieux à vous débarrasser d’une gêne inutile devant les autres que le théâtre ? Qui pourra vous aider à plonger dans la peau de différentes personnalités que la vôtre ? Le théâtre m’a permis d’acquérir une certaine indifférence aux regards des autres et prendre plus confiance en moi. Et même si je ne suis pas encore totalement débarrassée de cette peur de jugement, je suis sûre que le théâtre m’aidera à la vaincre dans les années à venir.
Pour finir, la pratique du théâtre est souvent comme une bouffée d’air pendant le quotidien répétitif.
On ne sait jamais quelle situation peut nous arriver. Qui va-t-on jouer ? Comment ? Avec qui ? Cette sensation de surprise change un peu le quotidien monotone. Et durant le jeu, durant le temps qu’on est dans la pratique du théâtre, on oublie tout. On ne s’inquiète plus de nos problèmes ou nos devoirs, notre vie réelle devient lointaine et on se plonge entièrement dans le monde qu’on crée maintenant. C’est un moyen idéal pour s’échapper de notre vie et de nous-mêmes. Mais c’est aussi une bonne occasion de se découvrir et de s’instruire.
Mais je pense que les acteurs n’existent pas seulement sur scène. Je pense que chacun de nous est acteur aussi dans notre vie.” Sofia Simonova, classe de 3ème, cycle 1 CRR de Toulouse
Merci à Katharina Stalder, vice-présidente de l’ANPAD et enseignante au CRR de Toulouse qui nous a transmis ces témoignages !
Au théâtre Louis Aragon à Tremblay-en-France
Initialement au Théâtre Louis Aragon, un happening devait avoir lieu dans le hall pendant que le public attendait d’entrer en salle pour Ruy Blas le soir du 20 mars. L’équipe du TLA n’a pas pour autant renoncé a participé à l’opération cette année, et a retrouvé le texte de cette très belle prise de parole qui avait eu lieu le 27 mars 2019 de la part de deux “enfants du siècle”, Alan Girard et Merbouah Rahmani.
Alain Girard : Bizarre, je pense que c’est le mot qui qualifie le mieux mon entrée dans le théâtre et au théâtre Louis Aragon. Bizarre ouais parce que moi j’étais jamais allé au théâtre avant, sauf quand j’étais en CP, j’avais fait une petite représentation de la Cigale et la fourmi donc en CP et c’était tout mignon. Et là, première sortie de l’année on va voir Lux Tenebrae de Bernardo Montet. On me dit que c’est de la danse, et moi je faisais de la danse à l’époque donc je me dis que ça va être sympa, ça va être cool. Et bah c’était pas très sympa non, parce que je voyais plein de choses mais je ne savais pas les interpréter. Parfois il y avait comme des tableaux mais pareil je ne pouvais pas les interpréter. Je sais que j’ai trouvé ça beau mais je ne sais pas pourquoi. Je pense que je suis passé totalement à côté de ma première expérience au théâtre. Et là Laure Hamidi notre prof de théâtre nous a dit qu’on allait travailler avec ce chorégraphe. Là y’a une petite voix dans ma tête qui me dit : « bah non en fait je n’ai pas signé pour ça ».
Merbouha Rahmani : Ouais c’est bizarre parce qu’avant y avait rien et maintenant y a tout, c’est ça la place du théâtre dans ma vie. Le théâtre pour beaucoup ça signifie l’artifice, la création, le spectacle, une idée exprimée à travers le corps, les mots. Pour moi le théâtre c’est réellement plus que ce qui a changé ma vie, ça me l’a sauvée. Je me suis plongée dedans tête la première et c’est dans cette eau-là que je me trouve sincère, que je suis moi même. C’est bizarre parce que souvent au théâtre on pense qu’on joue des rôles mais pas moi en fait.
AG : Et vous savez quoi ? L’atelier avec Bernardo Montet ? Bah c’était génial. C’était une vraie claque. On a pu travailler avec lui pendant 3 après-midi quand j’étais en première et 3 après-midi quand j’étais en terminale donc 2 années de suite. Et avec Bernardo Montet j’ai beaucoup appris. J’ai beaucoup appris sur le mouvement, sur le silence et sur la lenteur. Enfin pas vraiment la lenteur, plutôt la nécessité de prendre le temps pour faire le mouvement, pour bien le faire. Parce que c’est beau un mouvement bien fait. Et donc j’ai compris que c’était à partir du corps qu’on faisait du théâtre, c’est à partir du corps que tout émerge, et ouais que c’est à partir du corps qu’on fait du théâtre, d’abord.
MR : Moi j’ai découvert le théâtre à l’atelier du lycée. On allait voir des pièces tout en montant la nôtre. Après nos représentations l’an dernier, j’ai compris que ça c’était fait pour moi, y’avait pas photo. La sensation que j’ai eue sur scène, c’est ça que je veux faire à jamais dans ma vie. J’aime le théâtre et je ne vis plus que pour ça. Avec l’atelier théâtre, j’ai aussi découvert par la suite le Festival d’Avignon, le plus grand festival de Théâtre au monde ! J’ai adoré cette expérience et j’ai rencontré un metteur en scène, Jean Bellorini, grâce à Laure qui nous avait aussi parlé de son projet de Troupe éphémère, une sorte de petit groupe d’une vingtaine de jeunes choisis par lui et son équipe pour quelques représentations à la fin de l’année ; mais super sélective la sélection ! Je me rappelle lui avoir demandé : « heu vous recrutez ? » et il m’a dit : « oui on recrute » et du coup j’ai tenté ma chance comme un coup de bluff et du coup maintenant je fais partie de la troupe, comme quoi il faut y croire, y’a peut-être une place pour moi dans ce milieu-là.
AG : Apprendre et comprendre. Apprendre à comprendre, je pense que ce sont les maîtres mots de mon expérience avec le théâtre, que ce soit avec le lycée, ou avec le Théâtre Louis Aragon. J’ai découvert le travail de comédien et toute la partie immergée de l’iceberg. J’avais l’impression de devenir un petit comédien qui comprenait les grands comédiens sur scène. Faire et voir du théâtre ça m’a nourri, comme rien d’autre auparavant. Je dirais même que j’ai un peu grandi grâce au théâtre, que j’ai même grandi au théâtre, parce que ça fait maintenant 5 ans que je fréquente le TLA, 5 années qu’ils nous ouvrent leur porte et qu’ils nous accompagnent dans notre parcours de comédien, notre parcours de spectateur et même notre parcours de vie.
MR : Par contre moi ce que je sais c’est qu’à l’heure qu’il est aujourd’hui, si j’avais continué ma route sans rencontrer ce monde-là et sans rencontrer ces gens-là, Laure Hamidi et l’atelier théâtre, Emmanuelle Jouan et le Théâtre Louis Aragon, Jean Bellorini et le Théâtre Gérard Philippe, bah je ne serais pas devant vous ce soir en fait. Je pense que je serais surement, sans exagérer, sans faire du cinéma, c’est une réalité, je serais en train de galérer, de passer mon temps à gâcher ma vie et à gâcher celle de mes proches. Je veux parler du quartier, de toutes ces choses-là (gêne), de la délinquance que j’ai beaucoup connue et qui m’a en un certain sens, brisée. Et à cause de ce qui se passe dans ce monde-là, dont on ne sait finalement que très peu de chose, bah voilà si je dis que le théâtre m’a sauvée, c’est parce que grâce à lui bien heureusement je me suis éloignée de tout cela. Désormais j’ai pu choisir d’appartenir à un autre monde, qui fait partie intégrante de mon identité ; d’ailleurs j’entreprends de poursuivre mes études dans cette voie.
AG : Moi aussi j’ai eu la chance de pouvoir partir à Avignon, deux fois, avec le TLA. Une première fois à la fin de notre année de terminale, grâce au Théâtre et à la mobilisation de la ville de Tremblay, on a pu partir quelques jours avec l’atelier théâtre et c’était vraiment une superbe expérience, c’était inoubliable, on a pu découvrir le festival et toutes ses coulisses. J’y suis même retourné l’année dernière car dans le cadre de mes études j’ai fais un stage ici au TLA et ils m’ont engagé pour le festival d’Avignon, pour que je puisse apporter ma contribution. Encore une fois c’était une superbe expérience et je les en remercie grandement. Maintenant y’a une nouvelle page qui s’écrit.
MR : Ouais, on a même créé notre association, la Belle jeunesse, ici même pour faire entendre notre voix sur scène et j’en suis la présidente donc voilà c’est une belle façon de voir sa vie basculer du bon côté et avec de réels projets de vie qui se mettent en place.
AG : Pour moi c’est un premier pas dans ma vie de jeune actif, c’est une sorte de continuation et d’accomplissement je dirais. Et maintenant quand je vais au théâtre, je comprends ce qui se passe, sur scène mais aussi dans le monde, dans la vie et dans ma vie.
MR : Je pense que tout ça, c’est grâce à des rencontres que l’on fait tout au long de sa vie. Qu’elles ne sont pas dues au simple hasard. Tout le monde nous apporte quelque chose de la même manière qu’on en apporte aussi. Sans le vouloir ni le savoir je voudrais faire référence à une personne qui m’est précieuse mais elle n’est pas là, elle s’appelle Laure Hamidi. Donc voilà j’ai réussi à passer de rien au tout grâce à elle, c’est elle qui m’a transmis ce feu, cette passion là du théâtre et c’est grâce à des gens comme ça que l’espoir peut exister dans le monde injuste qui est le nôtre. Il faut des gens comme ça, une rencontre peut changer une vie et en l’occurrence maintenant ma vie c’est le théâtre donc voilà.
“Les enfants du siècle” au théâtre de Lorient
Le Théâtre de Lorient : exposition photos de portraits d’une cinquantaine d’ “enfants du siècle” répondant à la question : qu’est-ce que le théâtre pour toi ? La réponse est…